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Google Glass : Comme un enfant devant un sapin de Noël

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Je savais donc à quoi m’attendre en posant cette paire de lunettes futuriste sur mon nez. Mais ça ne m’a pas empêché d’être bluffé. Malgré les questions primordiales posées par l’invention de ce nouvel objet – on y reviendra -, le changement technologique m’a un peu rappelé la première fois que j’ai pu essayer un iPhone. Les Google Glass représentent à mon sens une évolution majeure dans notre rapport à la technologie, une rupture qui pourrait être similaire à celle que nous avons connue lors du passage de l’ordinateur au smartphone.

Bref, commençons par le commencement. Les lunettes intelligentes sont souples et résistantes (c’est du titane, m’explique Google). Une des branches est plus imposante, c’est là que se loge, entre autres, la caméra, l’écran et la batterie. Une fois posées sur le nez, pas de verres, juste un petit carré transparent en haut à droite de mon champ de vision. On est loin des détecteurs de Dragon Ball Z.

Finalement, l’écran ne gêne pas du tout ma vision. Pour regarder les informations affichées, j’ai vraiment besoin de lever les yeux en haut à droite (il y aura des versions pour gaucher, et aussi des versions adaptées aux personnes portant déjà des lunettes).

« Ok glass », le sésame

Passons aux choses sérieuses. J’active donc les lunettes connectées en touchant le pavé tactile, situé sur la branche droite. Je peux aussi le faire en faisant simplement un « oui » de la tête. Pratique. L’heure s’affiche sur fond noir, avec les mots « Ok glass ». Le « sésame, ouvre-toi » de Google. C’est par ces mots que je peux enfin découvrir les fonctions de la bête.

Allez, je me lance. « Ok glass, take a picture » (oui, c’est une version démo donc oui, il faut parler en anglais). Hop, c’est tout simple, dans le petit écran, je vois une photo de ma vision actuelle. Bluffant. Pour partager la photo, je tape sur le côté, puis je navigue grâce au pavé tactile pour retrouver la photo en question. Le format de navigation est un peu surprenant, cela affiche des « blocs », l’un après l’autre. Je fais défiler jusqu’à trouver ma photo. Les éléments les plus récents s’affichent en premier, donc c’est assez facile.

Je tape alors sur le pavé tactile et choisis mon mode de partage. Google + et Twitter sont disponibles sur cette version d’essai. Facebook serait aussi prêt, mais impossible de le voir. De même, on ne m’a pas laissé connecter mon compte mail ou mon téléphone aux Google Glass.

Pour les vidéos, c’est exactement pareil. Je dois l’avouer, c’est assez grisant de pouvoir filmer ce que je « vois » vraiment. A noter: le son des Google Glass arrive directement dans mes oreilles, sans écouteurs, via un système de transmissions osseuses. Assez impressionnant, même si je trouve le volume assez faible.

Le temps presse (je n’ai qu’une trentaine de minutes de test), j’essaye donc de faire une recherche d’image sur Google. « Ok Glass, google Tony Parker pictures ». Problème, parlant anglais comme une vache espagnole, la reconnaissance vocale n’a pas vraiment compris ma demande et m’affiche des photos de Danica Patrick. Je ne me fais pas de soucis pour autant: la reconnaissance vocale en français d’Android marche très bien, il n’y a pas de raison que ça change quand les Google Glass sortiront en France.

Apparemment, cette jeune fille est une pilote automobile qui a souvent chaud. Pas vraiment ce que je demandais.

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En tout cas, les photos s’affichent, c’est déjà ça. J’arrive aussi à accéder au Huff Post. Je peux faire défiler le site en bougeant la tête ou en glissant mon doigt sur le pavé tactile. On peut même cliquer sur des articles.

L’instantanéité réinventée

Mais, honnêtement, ce n’est pas pratique. De même, l’outil n’est pas fait pour consulter toute sa boite mail, lire un long texte, etc. Les Glass servent avant tout à répondre à un besoin rapide et immédiat. Prendre une photo, faire une réponse courte à un mail ou SMS, afficher une image, trouver son chemin, etc.

D’ailleurs, il n’y a pas vraiment de « menu » pour l’instant. Juste quelques ordres à donner aux Google Glass et des blocs (appelés « cards », ou cartes), comme sur Google Now (l’assistant personnel sur Android). Ces cartes affichent, dans cette version de démonstration, les dernières requêtes effectuées, les notifications, ainsi que la météo, ni plus, ni moins.

Même si des applications feront leur apparition, les Glass ne remplaceront jamais mon smartphone, et encore moins mon ordinateur. J’en suis certain. Enfin, pas dans un futur proche. Par contre, elles poussent à leur paroxysme les notions d’instantanéité et de mobilité.

L’exemple qui m’a peut-être le plus bluffé, c’est la fonction GPS. « Ok Glass, take direction to Eiffel Tower ». Ne me demandez pas pourquoi, mais il m’a proposé de me rendre sur la place de Clichy (il faut vraiment que je travaille mon accent). Une Google map s’affiche, avec un tracé et une flèche indiquant ma position.

Vous me direz, Google Map sur smartphone fait la même chose. Vous aurez tout faux. Ici, c’est comme si le GPS était dans ma tête, si je la bouge, la carte bouge, je n’ai pas besoin de baisser les yeux sur mon smartphone pour repérer le chemin, de le laisser allumé, etc. Je marche, je jette un coup d’oeil un quart de seconde dans ma vision périphérique et je sais si je dois tourner à gauche. Ca peut paraître anodin, mais l’expérience est vraiment bien plus agréable.

Même si je n’ai pas pu connecter les Glass à mes réseaux sociaux ou à mon téléphone, je vois parfaitement les usages, toujours dans cette logique d’instantanéité. Pouvoir valider un rendez-vous sans avoir à sortir son smartphone, changer sa musique d’un mot, s’orienter, partager son expérience…

Bref, tous ces usages que je trouve bien plus pratiques sur smartphone que sur ordinateur, mais pour lesquels je rêve d’un contrôle mental. On en est encore (un peu) loin, mais on s’en rapproche.

Des questions et des attentes

Après cette demi-heure de test, je suis tout de même déçu de ne pas avoir pu tester l’objet de manière plus approfondie. Vérifier la durée de vie de la batterie (Google m’explique qu’avec un usage normal, les Google Glass fonctionnent une journée sans problème), pouvoir tester la liaison avec mon téléphone (appeler quelqu’un sans toucher mon téléphone, dicter un SMS) ou envoyer un mail rapidement.

Cette prise en main n’a pas répondu non plus aux questions que posent l’idée même de lunettes connectées, en termes d’intrusion dans la vie privée (la mienne et celle d’autrui), mais aussi en termes d’habitudes. A l’inverse de nos objets connectés de tous les jours, les Google Glass s’affichent en plein milieu du front. Je peux choisir de ne pas les utiliser (et je pense que sur une utilisation au long terme, l’écran restera la plupart du temps éteint), mais je dois les garder sur ma tête.

Si certains pourront les trouver jolies, d’autres n’aimeront pas le style. Surtout, tout le monde n’a pas envie de porter des lunettes (à noter qu’il sera possible d’avoir des Glass avec des verres correcteurs) en permanence.

Il n’empêche. L’idée est à mon sens révolutionnaire, en dehors de la question de la commercialisation, en dehors des modes, en dehors des peurs sur la vie privée. Et même si les Glass rejoignent le cimetière virtuel de Google créé par Slate.com, cela n’y changera rien, car l’idée sera là. Le futur est en marche.

Article Huffingpost. 23 septembre 2013.

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