Depuis quelques mois, le Samu de Rennes, en Ille-et-Vilaine, équipe ses urgentistes de lunettes connectées. Avantage majeur : la salle de régulation peut suivre en direct les interventions et anticiper les besoins.

Mardi dans la salle de régulation du Samu de Rennes. Un homme de 50 ans vient d’appeler. Il souffre de forts maux de tête et se sent très fébrile. « C’est comme des coups de poignards dans le crâne », explique-t-il à une assistante de régulation.
Celle-ci passe ensuite l’appel au Dr Tarik Cherfaoui, un des urgentistes de permanence. Ce dernier pense immédiatement à un risque d’accident vasculaire cérébral et décide d’envoyer sur place une équipe du Samu. Il déclenche un départ. Le Dr Nicolas Vandame va se rendre sur les lieux avec Patrick Robin, le conducteur et Victor Conkalves, l’infirmier.
Anticiper les besoins
Le départ est imminent. Mais en plus du matériel d’urgence, le Dr Vandame va aussi s’équiper de lunettes connectées développées par la société rennaise Ama.
« Ça nous permet de suivre en direct l’intervention, précise le Dr Cherfaoui. On a coutume de dire que nous, à la régulation, on « voit » avec nos oreilles. Mais aujourd’hui, avec ces lunettes connectées, la salle de régulation va se retrouver aussi sur le lieu d’intervention. Un véritable plus pour anticiper les besoins. »
Dix minutes plus tard, l’équipe des urgentistes arrive dans le bureau de l’homme qui a appelé. Premier contact et premier diagnostic. Ses lunettes connectées sur le visage, le Dr Vandame permet à son collègue, resté au siège du Samu, de tout entendre mais aussi de tout voir.
Soudain, le cinquantenaire s’effondre et est pris de violentes convulsions. « Tarik, nous sommes bien en présence d’un AVC hémorragique. Comme tu peux le voir, il est en train de convulser. On va le transporter directement au scanner et il faut prévenir le médecin de réanimation. »



Grâce à la vision directe des événements, le Dr Charfaoui avait déjà anticipé le rapatriement, en urgence, vers le CHU. « C’est aussi l’un des principaux avantages de ces lunettes connectées. Nous ne devons plus attendre que le médecin sur place nous appelle pour nous faire part de son diagnostic. Nous pouvons suivre, en temps réel, ce qu’il se passe sur place et on peut anticiper et mieux gérer le parcours hospitalier. »
Dans ce cas-là, cela permet un accès direct au scanner et la mobilisation des équipes spécialisées pour un accident vasculaire cérébral. Un gain de temps très précieux quand la vie du patient est une question de minutes.
Expérimentation
Pour le Dr Vandame, plus besoin de s’occuper des transmissions. Il peut se concentrer sur son patient en comptant sur sa liaison vidéo et audio en direct. Cinq minutes plus tard, le patient est en route vers le CHU dans l’ambulance médicalisée. Nouvelles convulsions.
« Tarik, comme tu peux le voir, il convulse à nouveau. On arrive dans quelques minutes. » Tout est déjà prêt pour l’accueillir. Des lunettes connectées qui sont donc loin d’être un simple gadget et offrent un nouvel outil performant aux urgentistes. « Nous sommes actuellement en train de les expérimenter avec le Dr Mohammed Saïdani », ajoute le Dr Cherfaoui. Avec, si les résultats sont positifs, peut-être leur généralisation. Seul obstacle possible. Une intervention dans une zone « blanche » privée de réseaux. Retour, alors, au bon vieux téléphone.